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Îlots de chaleur urbains : le rôle des villes

Crédit photo istock photo
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Avec le retour de la belle saison, le sujet des îlots de chaleur urbains (ICU) revient dans l’actualité. Le projet ILEAU à Montréal vient de lancer sa campagne Les bûcherons de l’asphalte pour encourager les citoyens, institutions et entrepreneurs à poser des gestes concrets pour créer des « îlots de fraîcheur ». La Ville de Québec veut répertorier toutes les rues où l’on pourrait planter des arbres lors d’une éventuelle réfection, et Gatineau subventionne le verdissement de certaines cours d’école à travers le Fonds vert. Mais pourquoi tout ce brouhaha? C’est l’été, c’est normal qu’il fasse chaud, non?

Qu’est-ce que ça mange en hiver?

On parle d’îlot de chaleur urbain quand on observe une température de 5 à 15 degrés plus élevée dans une zone urbaine que dans les zones rurales ou forestières environnantes. Ces microclimats artificiels sont dus, entre autres, au fait qu’en ville, beaucoup de surfaces sont asphaltées ou bétonnées (minéralisées) et absorbent donc de grandes quantités de chaleur solaire.

Avec 82% d’urbains au Canada (2014), les effets des ICU sur la santé publique et la qualité de vie de la population urbaine ne sont pas à prendre à la légère. Les ICU aggravent le smog, augmentent les besoins en climatisation, en réfrigération et en eau potable, et exacerbent les effets des canicules, qui peuvent causer plusieurs troubles de santé chez les personnes vulnérables.

Que peuvent faire les villes?

De par leur position de gouvernement de proximité, les villes sont au premier rang de la lutte aux ICU. La plupart des solutions à grande échelle doivent faire partie des plans d’urbanisme et de la réglementation municipale afin que les projets futurs, publics et privés, contribuent à réduire les ICU plutôt que de les augmenter. La végétalisation des milieux et la réduction des surfaces minéralisées font partie des méthodes de rafraîchissement urbain. Loin d’être en reste derrière les autres grandes villes à ce niveau, Gatineau a révisé son schéma d’aménagement en décembre dernier afin d’assurer le développement durable de la ville. Plusieurs mesures incluses dans ce schéma vont contribuer à diminuer les ICU.

Suivre le plan pour en tirer les bénéfices à long terme

Toutefois, si l’on se dote de tels outils, il est important de les utiliser de façon conséquente. Or, à la dernière séance du conseil municipal du 5 juillet, un promoteur immobilier, M. Nader Dormani, est venu s’opposer à l’adoption d’une dérogation que souhaite accorder le conseil (à l’exception des élus d’Action Gatineau et du maire Maxime Pedneaud-Jobin) au promoteur d’un hôtel à proximité du centre sportif. Cette dérogation permettra la construction d’un stationnement de surface contrevenant, par sa taille, aux règles établies dans le schéma d’aménagement, et contribuant aux ICU dans ce secteur déjà très minéralisé.

M. Dormani, qui travaille depuis un an sur un projet très innovateur comprenant aussi un hôtel, s’insérant parfaitement dans la vision de la ville pour le secteur et respectant la réglementation municipale en tout points, déplore que le conseil donne ainsi un traitement de faveur à son compétiteur. En effet, cette dérogation évitera au promoteur les frais de construction d’un stationnement étagé. M. Dormani se demande si le conseil ne devrait pas favoriser les promoteurs qui travaillent en collaboration avec la Ville afin d’assurer le développement durable de notre territoire. Pour récolter les bienfaits sur l’environnement de son schéma d’aménagement, Gatineau se doit de respecter la règlementation qu’elle a mise en place.

Sources :

Séance du conseil municipal du 5 juillet (intervention de M. Dormani à la 61e minute)
Mon climat, ma santé – S’adapter aux îlots de chaleur
Mon climat, ma santé – Îlots de chaleur
Collectivités viables .org- Îlots de chaleur urbains
Wikipedia – Îlot de chaleur urbain