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Au-delà des clichés

Les peuples autochtones continuent de croître plus vite que le reste de la population canadienne, selon les données de Statistique Canada. C’est en partie dû au fait que plus de gens se déclarent Autochtones, car ils sont moins stigmatisés qu’autrefois.

En 2016, plus de la moitié (51,8 %) des Autochtones vivaient en milieu urbain. La ville de Gatineau comptait 10 420 personnes autochtones en 2016, ce qui représente 3.8 %, un des taux les plus élevés parmi les grandes villes du Québec. Pourtant, le racisme et la discrimination à leur égard n’ont pas diminué.

Source: Ville de Gatineau

Par contre, la Place Abinan, aménagée sur les lieux de la découverte d’artefacts autochtones dans le secteur riverain de la rue Jacques-Cartier, est un premier pas vers la sensibilisation à l’histoire et aux contributions des Autochtones à la société canadienne, et notamment aux origines autochtones de la ville de Gatineau. Élaboré avec la communauté de Kitigan Zibi, il s’agit d’un bel exemple de collaboration entre les villes et les communautés autochtones en Outaouais.

En outre, le projet immobilier Zibi se veut également un catalyseur de projets et de discussions entourant la culture, le passé, et les peuples des Premières Nations. Pendant plus de deux ans, Windmill Development et Dream Unlimited ont travaillé en partenariat avec Decontie Construction pour surmonter les obstacles empêchant les travailleurs des Premières Nations de travailler sur le projet Zibi. Finalement plusieurs occasions de travail ont été créées.

Malgré ces quelques progrès sur la reconnaissance des droits autochtones, beaucoup de chemin est encore à parcourir. Face à l’appropriation culturelle, les préjugés et les stéréotypes, il y a un grand manque d’éducation à Gatineau. Par exemple, plusieurs ne savent pas qu’à Gatineau, nous vivons sur les terres algonquines non cédées.

Francine Anishinabe, aussi connue sous le nom de « grand-mère Francine », informe professeurs et étudiants sur les enjeux liés aux Premières Nations depuis 14 ans dans les écoles de la région. « Le Québec tire de la patte. Dans les autres provinces, il y a plus d’éducation dans les services publics car il y a des protocoles. J’offre mes services pour sensibiliser les jeunes dans les cours d’éthique ou d’histoire et l’Ontario répond toujours présent. »

Des Aînés offrent d’ailleurs des conférences ouvertes au public au Centre Kumik dans le secteur Hull, et ce presque chaque jour de 12 h à 13 h. Depuis 1990, des personnes sages y font des séjours d’une à trois semaines chacun pour partager leur expérience de la spiritualité autochtone.

Comment on change les mentalités? En sensibilisant les employés des différents organismes et ministères, ainsi que les élèves des écoles. « Selon la recommandation de la Commission de vérité et réconciliation, on devrait être présent dans les centres où on accueille les immigrants et réfugiés, renchérit grand-mère Francine. L’absence d’éducation perpétue le racisme ambiant. Au lieu de juger, on peut rendre hommage aux survivants. »

Les Autochtones en milieu urbain sont de plus en plus nombreux, alors contrer le racisme devrait être une priorité. On a tous un rôle à jouer dans la réconciliation. Chacun d’entre nous peut se renseigner et se sensibiliser à l’égard des séquelles tragiques intergénérationnelles laissées par les pensionnats indiens. Autant pour les autorités politiques que pour les institutions et les organismes.

En fin de semaine, lors d’Anishinabe Nibin, ou l’été algonquin, ce sera l’occasion d’en apprendre davantage sur le mode de vie traditionnel de la nation algonquine et de voir des artisans à l’œuvre, au Centre des visiteurs du parc de la Gatineau.