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Discours du Chef d’Action Gatineau sur le budget 2013 de la Ville de Gatineau

Prononcé le 4 décembre dernier à l’occasion de la séance spéciale du Conseil municipal portant sur le budget 2013 de la Ville de Gatineau.


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Il n’y a pas si longtemps un observateur de la région affirmait que, sous l’administration Bureau, les budgets de la ville de Gatineau étaient essentiellement des budgets d’intendance. Nous sommes devant le même type d’exercice cette année. Le budget contient des initiatives souvent intéressantes, une augmentation du taux de taxe qui est raisonnable, mais des actions à la pièce, sans vision d’ensemble et sans arrimage avec les défis auxquels Gatineau est confrontée. Un budget devrait être la concrétisation financière d’un programme pour l’avenir, ce qui n’est pas le cas ici.

Le plus bel exemple de cette réalité, c’est le refus d’adopter un amendement proposé par Action Gatineau, refus qui illustre bien la distance entre les deux partis (groupes?) politiques présents au conseil.

Nous avions proposé un amendement raisonnable qui consistait à consacrer 90% du pacte fiscal (au lieu de 100%) pour les infrastructures et 10% pour les autres missions municipales. À Gatineau, nous n’avons jamais eu autant de jeunes familles, jamais eu autant d’aînés et nous avons des défis majeurs de pauvreté, de logement et de développement économique. Notre croissance ne met pas de la pression uniquement sur nos infrastructures, elle nous oblige également à investir dans les services à la personne. Présentement, la croissance des dépenses dans ces services vient essentiellement de la croissance de base du budget municipal et il est urgent de consacrer une part des nouveaux revenus des villes aux personnes.

L’amendement proposé nous aurait permis de préserver les sommes que nous avons retirées des postes budgétaires en développement social, dans le logement et dans le programme d’aide aux organismes communautaires. L’amendement nous aurait également permis d’augmenter l’aide aux organismes en patrimoine et de commencer à mettre de l’argent de côté pour faire le rattrapage urgent et nécessaire que nous avons à faire dans notre réseau de bibliothèque. L’amendement a été battu.

On nous dira que nous investissons déjà beaucoup dans d’autres choses que des infrastructures. C’est vrai. Mais depuis 2005, la totalité des nouveaux revenus de Gatineau ont été consacrés aux infrastructures. Il est clair pour nous qu’il faut continuer d’y investir massivement, mais nous ne pouvons pas nous permettre d’y consacrer 100% de tous nos nouveaux revenus.

Car nous avons des déficits cachés immenses dans d’autres domaines tout aussi cruciaux pour notre avenir : déficit évident en matière de protection du patrimoine, déficit dans les services aux jeunes, déficit en services pour les aînés, déficit en activités pour les familles, etc. C’est en investissant dans ces domaines-là que nous pourrons préparer l’avenir, c’est-à-dire aider les plus mal pris à s’en sortir, attirer une main d’œuvre de qualité, mieux accueillir les nouveaux arrivants, nous adapter au vieillissement de la population, développer et surtout diversifier notre économie. Il faut que nos choix stratégiques voient beaucoup plus loin que les infrastructures. C’est l’erreur de base de ce budget et c’est pourquoi nous nous y opposons.

Par ailleurs, parce que le rapport de révision des programmes n’a pas été déposé, on ne pourra pas faire de compressions véritables cette année. On attendra donc le premier budget du prochain conseil. En quatre ans, il n’y aura eu aucune révision de programme sérieuse. Les compressions proposées aujourd’hui (1M$ sur 521M$) sont cosmétiques. Il n’y a eu aucune remise en question profonde. Cette révision ne sera possible que lorsque le conseil aura un programme politique clair, une lacune qu’Action Gatineau entend corriger.

Et il y a d’autres enjeux financiers qui attendent des actions. Les régimes de retraite de nos employés plombent les finances municipales et il n’y a aucune recherche de solutions locales au problème, sinon de continuer à y injecter de l’argent. Nos relations avec le monde de l’éducation sont au plus mal. Notre tarification et la leur nous empêchent de mettre en commun des ressources et d’utiliser plus efficacement chaque dollar de taxe perçue.

Nos investissements massifs dans les infrastructures, notamment notre taxe dédiée, auraient pu constituer un outil politique puissant pour intervenir auprès des autres gouvernements. Nous sommes parmi les mieux placés au Québec pour revendiquer des efforts encore plus grands du provincial et du fédéral. L’action de la Ville de Gatineau au sein de l’UMQ et de la FCM ne suffit pas, ces deux organisations elles-mêmes demandent à leurs membres de se prononcer. Il faut que Gatineau soit entendue et elle ne dit rien.

Le budget d’aujourd’hui est victime de cette incapacité de l’administration actuelle de parler fort pour Gatineau et pour toutes les villes, ce qui a une incidence directe sur le fardeau fiscal des Gatinois. Notre marge de manœuvre réelle est extrêmement mince et si nous voulons limiter les hausses de taxes, il faut livrer des batailles politiques sur la diversification des revenus des villes, sur le rapprochement avec l’éducation ou encore sur les régimes de retraite, et nous ne les livrons pas.

En l’absence au pouvoir d’un parti politique qui porte une vision et un programme clair, un budget municipal ne peut difficilement être autre chose qu’une série d’actions reflétant des objectifs administratifs et quelques projets ponctuels. C’est pourquoi j’ai confiance que le prochain budget, celui de 2014, grâce à la présence d’Action Gatineau, sera le reflet d’un projet politique gatinois qui verra la ville non plus comme une institution administrative qui offre des services, mais bien comme un gouvernement municipal qui aide les communautés qui composent la ville à faire face aux défis d’aujourd’hui et à assurer leur prospérité dans l’avenir.

Merci.