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Embrasser l’économie collaborative : le point de vue des villes

Changwon, South Korea - March 9, 2013: Nubija rental bicycles - shared by city residents - line the sidewalk in Changwon, South Korea.
Changwon, South Korea – March 9, 2013: Nubija rental bicycles – shared by city residents – line the sidewalk in Changwon, South Korea.

Alors que nos dirigeants se débattent pour sauver la chèvre et le chou dans le dossier Uber versus taxis, une multitude d’entreprises d’économie collaborative font leur petit bonhomme de chemin vers la gloire. Elles touchent un nombre grandissant de secteurs de l’activité humaine[1], et, en 2025, représenteront 50 % du marché mondial[2]. Selon Guillaume Lavoie, conseiller municipal dans l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie à Montréal, il est du devoir des institutions publiques d’encadrer ces pratiques de façon proactive si elles veulent préserver leur rôle dans la société

« Économie collaborative », « économie de partage » ou « économie des plateformes » ne sont pas tout à fait la même bibitte, mais leur effet final est le même : des gens qui ne se connaissent pas s’échangent des biens et services par le biais d’une plateforme internet. Guillaume Lavoie, qui donnait une conférence sur le sujet à L’AGA du CREDDO le 14 juin dernier, a présenté comment « L’économie de partage a le potentiel de créer des sociétés plus productives, plus durables […] et plus entrepreneuriales ». Plus productives parce qu’elle permet à chacun d’offrir ses services selon ses habiletés et ses disponibilités. Plus durables parce qu’elle permet l’accès rapide à des biens sans en être propriétaire. Et plus entrepreneuriales parce qu’en offrant ses biens et ses services directement, chaque individu devient un « micro-entrepreneur ».

Cependant, on peut le voir avec le conflit des taxis, l’arrivée de l’économie collaborative ne se fera pas sans heurts : pour autant que les différents ministères d’un gouvernement couvrent tous les aspects de la vie humaine, ils seront tous éventuellement affectés. Ces pratiques auront un impact sur le statut des travailleurs, les filets sociaux, la taxation, la réglementation spécifique aux différents secteurs, l’assurance, et bien plus.

Au niveau municipal, certains aménagements peuvent être faits. Dans l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie, on a décidé de prendre les devants en créant un environnement réglementaire favorable aux pratiques collaboratives sous la forme d’un usage complémentaire au zonage résidentiel. Normalement, le zonage pour un terrain est associé à une fonction unique (par exemple résidentielle) qui ne peut être changée que par une autre fonction unique (par exemple commerciale). L’usage complémentaire permet aux résidents de louer (usage commercial) leur stationnement, de l’espace d’entreposage ou leur jardin, pour autant que l’usage principal (résidentiel) soit toujours possible. Cette mesure encadre la pratique tout en évitant, par exemple, qu’un promoteur achète un pâté de maison dans un quartier convoité et en fasse un stationnement ou un hôtel. Elle permet à la ville de garder le contrôle sur le développement de son territoire.

Considérant que les pratiques collaboratives ne feront que prendre de l’ampleur dans les années à venir, croyez-vous que la ville de Gatineau devrait développer des mesures avant-gardistes pour permettre et encadrer ces pratiques? Ces mesures éventuelles seront-elles le sujet de certaines discussions lors des forums thématiques d’Action Gatineau à l’automne? La parole est à vous!

À lire aussi :

La Presse – Rosemont et la révolution de l’économie collaborative

[1] Honeycomb 3.0: The Collaborative Economy Market Expansion

[2] Selon une étude de PricewaterhouseCoopers (2014).