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Les effets du cannabis à Gatineau

Dès aujourd’hui, les Canadiens peuvent se procurer du cannabis légalement. À Gatineau, tout comme à Ottawa, il n’y a toutefois pas de magasin pour s’en procurer. Les Gatinois peuvent en acheter par l’entremise du site web de la Société québécoise du cannabis (SQDC), mais il semblerait que des succursales verront le jour prochainement. La SQDC aurait jeté son dévolu sur un local situé dans le noyau commercial où se trouvent le Wal-Mart et le Golf Town, sur le boulevard la Gappe à Gatineau. Quant à eux, les Ontariens peuvent se procurer du cannabis par le site internet de la Société ontarienne du cannabis, du moins jusqu’au printemps prochain. Les consommateurs devront patienter jusqu’à trois jours avant de recevoir leur colis. Poste Canada assurera la livraison du produit et l’âge du client sera vérifié à destination.

Suite au sondage de juin 2018 auprès de 502 Gatinois, la légalisation est loin de faire l’unanimité, mais récolte une courte majorité en faveur (54 %). Les niveaux de préoccupations sont élevés, principalement chez les femmes et les personnes de 55 ans et plus. L’acceptabilité sociale du cannabis n’est pas acquise. Les jugements par rapport aux personnes qui en consomment, surtout en public, sont encore fortement ancrés. Les citoyens préfèrent, de loin, que le cannabis se fume au domicile des personnes qui en font usage. Les craintes entourant la légalisation du cannabis incitent les gens à souhaiter une plus grande distance entre les lieux de vente et des établissements d’enseignement.

D’un point de vue social, la légalisation est de moins en moins controversée. Dans un sondage SOM-ASPQ13, les 100 répondants provenant de l’Outaouais sont plus nombreux à être favorables à la légalisation du cannabis que le reste des Québécois (68 % comparativement (c.) à 57 %). Ils sont moins nombreux à être inquiets par rapport à celle-ci (47 % c. 60 %).

Du point de vue économique, la légalisation aura des retombés pour la région. L’entreprise gatinoise Hexo, qui se spécialise dans la production et la distribution de cannabis, a organisé une foire de l’emploi, jeudi, pour recruter de nouveaux travailleurs en prévision de la légalisation. La compagnie compte embaucher jusqu’à 500 nouveaux employés d’ici la fin de l’année pour suivre le marché en pleine expansion.

D’un point de vue santé, les effets potentiels de la fumée secondaire du cannabis étaient peu documentés dans la littérature scientifique, notamment en raison de l’illégalité de la possession du cannabis à des fins non thérapeutiques. Renée Amyot, conseillère municipale et présidente de la Commission Gatineau, Ville en santé, commente : « Puisque la consommation de cannabis en inhalant la fumée comporte une combustion et donc l’émission de particules dans l’air, il est difficile de conclure à l’absence de risque pour la santé. Toutefois, avec l’état des connaissances actuelles, il est recommandé de fumer à l’extérieur.  Voilà pourquoi nous avons, à la Ville de Gatineau, suivi les recommandations de la santé publique à cet égard. »

Tout comme la consommation d’alcool et d’autres drogues, la consommation de cannabis peut altérer les capacités nécessaires à la conduite automobile, ce qui pourrait augmenter les risques d’accident routiers avec blessures ou décès. Voilà un enjeu de sécurité publique pour lequel les services policiers seront aux aguets. Au Québec, la tolérance zéro s’appliquera.

Enfin, l’usage du cannabis peut entraîner une dépendance psychologique. Mme Amyot martèle : « Il sera de première importance d’investir en prévention auprès des jeunes.  Ils doivent connaître les risques associés à la consommation du cannabis, notamment en matière de problème de santé mentale.  J’ajouterai que plus la consommation est retardée, moins on risque des problèmes de dépendance. »

D’un point de vue politique, la légalisation entraîne bien moins de maux de tête que pour la police et la justice. La grande majorité des consommateurs ne sera plus obligée de se ravitailler sur le marché noir, et donc de se mettre parfois en danger ou d’enfreindre la loi en faisant pousser son propre cannabis – du moins en Ontario! Ils auront aussi accès à des produits de meilleure qualité. Le gouvernement offrira un pardon à tous les Canadiens qui traînent une accusation de possession simple. Un processus qui sera gratuit, mais qui ne sera pas disponible avant quelques mois, car les libéraux doivent d’abord légiférer en ce sens.

Le conseil municipal a écouté les préoccupations des Gatinois et a décidé d’appliquer les mesures prévues à la Loi encadrant le cannabis. Pour voir la liste détaillée des restrictions d’usage du cannabis, consultez la liste de tous les lieux d’interdiction. La Ville, en collaboration avec la Direction de santé publique du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais, offre deux séances d’information, les 16 et 23 octobre pour mieux comprendre :

  • ce qu’est le cannabis, ses effets sur la santé et quelques données sur la consommation;
  • les règles qui encadrent l’usage dans les lieux publics;
  • les enjeux liés à la sécurité routière;
  • les mesures de prévention à venir.

Pour tous vos questionnements, consultez la foire aux questions de la Ville de Gatineau, fort exhaustive : www.gatineau.ca/portail/default.aspx?p=sante_publique_qualite_vie/cannabis