Qu’ont en commun le quartier Montmartre à Paris, le quartier SoHo à New York, et le quartier St-Roch à Québec? Ces lieux ont, à une certaine époque, attiré nombre d’artistes, notamment par leurs loyers modiques. Cette concentration d’activités artistiques a donné un nouveau souffle à ces quartiers qui sont aujourd’hui des lieux culturels importants à haute valeur touristique. Dans une optique de revitalisation urbaine, de nombreuses villes à travers le monde ont prouvé l’importance considérer la culture comme facteur de développement. C’est ce que le conseil de la Ville de Gatineau a reconnu cette semaine, en adoptant à l’unanimité et pour la première fois de son histoire, des mesures de soutien pour les artistes.
Les artistes sont des entrepreneurs comme les autres
Pour attirer les entrepreneurs, les villes offrent volontiers certains incitatifs (crédits de taxes, modifications au zonage, etc.). Mais qu’en est-il des artistes? L’entreprise artistique, qui se construit sur la création et est, par définition, hors norme, s’établit lentement mais crée une richesse non matérielle qui profite à toute la communauté. Malgré tout, tel que souligné dans l’Étude sur la situation des ateliers d’artistes sur le territoire de la Ville de Gatineau, l’absence d’incitatifs adaptés aux besoins de l’entreprise artistique pousse les artistes à s’établir en périphérie de la ville. Deux obstacles majeurs : l’interdiction d’avoir un atelier d’artiste en zone résidentielle et le coût élevé des loyers dans les zones où ces ateliers sont permis (centre-ville et zones mixtes).
Vers un quartier des arts
Lors de l’élaboration du programme d’Action Gatineau en 2013, les artistes participant aux consultations ont déploré ce manque d’incitatifs. L’établissement d’un crédit de taxes pour les ateliers d’artistes, qui avait alors été intégré aux résolutions du programme, constitue une mesure importante du plan d’action adopté par le conseil municipal. Les recommandations visent entre autres à favoriser l’établissement d’ateliers d’artistes dans le pôle Montcalm / Ruisseau de la Brasserie / La Fonderie / Rue Morin, notamment par la récupération de certains anciens édifices industriels présentement inutilisés.
Si certains quartiers d’artistes se sont développés sur la base du faible coût des loyers dans les quartiers dégradés, d’autres ont profité d’un coup de pouce des institutions. Dans le quartier St-Roch à Québec, une politique de développement sur la culture et l’établissement d’ateliers d’artistes dans d’anciens bâtiments industriels ont soutenu la revitalisation de ce quartier urbain. Entrepreneurs et institutions n’ont ensuite pas eu à se faire prier pour s’installer dans ce quartier autrefois mal famé.
Il n’en tient donc qu’à nous de permettre aux artistes d’ici de jouer leur rôle et de transformer ces espaces morts en milieux de vie débordant d’effervescence.
Sources :
Conversation avec Yvon Leclerc, consultant responsable de l’Étude sur la situation des ateliers d’artistes sur le territoire de la Ville de Gatineau.
Ville de Gatineau, Communiqué – Un pas de plus vers la création d’ateliers d’artistes
Le Droit – Gatineau songe à un crédit de taxe pour les artistes
TVA – Industrie artistique à Gatineau : une étude recommande des mesures fiscales
104,7 FM – Bientôt des crédits de taxes pour les artistes à Gatineau?
Info 07 – Gatineau envisage l’implantation d’incitatifs pour aider les artistes