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« Ces choix que nous faisons aujourd’hui s’imposeront aux prochaines générations » Richard Bégin, président, Fédération Histoire Québec

Le 20 février dernier avait lieu, à Québec, un forum en vue d’une politique nationale de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme. Le forum était organisé par l’Alliance Ariane, qui regroupe à la fois des professionnels et des représentants de la société civile en architecture, urbanisme, environnement, patrimoine, agriculture, santé, etc. J’y étais à titre de président de la Fédération Histoire Québec (FHQ).

Cette fédération qui compte quelque 280 sociétés membres (histoire, généalogie, patrimoine, archivistique, archéologie, ethnologie, muséologie, etc.) totalise environ 55 000 membres individuels à travers tout le Québec, ce qui constitue une part non négligeable de ce qu’on appelle la « société civile » québécoise.

Plusieurs de nos membres ont participé à ce forum. Il y a quelque temps, nous avions d’ailleurs signé la Déclaration pour une Politique nationale de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme qui affirme d’entrée de jeu ce qui suit : « Les pratiques d’aménagement et d’urbanisme façonnent à long terme nos villes et villages. Les choix que nous faisons aujourd’hui s’imposeront aux prochaines générations : nous sommes largement responsables de leur prospérité future, de leur santé et du maintien à long terme de leur qualité de vie. Or, les dernières décennies nous ont laissé des milieux de vie peu résilients, qui nous coûtent trop cher et génèrent un mode de vie dommageable pour notre environnement. »

On peut trouver la déclaration en entier sur le site de l’Alliance Ariane, mais ce qui interpelle le plus la FHQ, c’est ce passage où l’on indique qu’il importe de mettre en valeur le patrimoine et les paysages, une position que nous avons adoptée et réitérée depuis plusieurs années dans nos divers mémoires, y compris face à la Loi sur le développement durable (2006), qui, déjà, proposait ce qui suit (art. 6 (k)] : « protection du patrimoine culturel : le patrimoine culturel, constitué de biens, de lieux, de paysages, de traditions et de savoirs, reflète l’identité d’une société. Il transmet les valeurs de celle-ci de génération en génération et sa conservation favorise le caractère durable du développement. Il importe d’assurer son identification, sa protection et sa mise en valeur, en tenant compte des composantes de rareté et de fragilité qui le caractérisent ».

La démarche d’Alliance Ariane va dans le même sens que la proposition de Politique nationale de l’architecture soumise au ministre de la Culture dans le cadre des consultations sur une nouvelle Politique de la culture, une proposition que j’ai d’ailleurs fait appuyer par la FHQ et aussi par la Ville de Gatineau, alors que j’étais président du Comité consultatif d’urbanisme.

Pour ma part, il est clair que le patrimoine culturel et naturel doit être préservé et mis en valeur, car il est à la base de notre identité et de notre sentiment d’appartenance, mais il est également critique pour notre développement économique et durable, rejoignant en cela les objectifs de l’Agenda 21. Le patrimoine culturel ne peut donc pas être ignoré ou traité en silo, comme accessoire : il fait et doit faire partie intégrante de nos réflexions, analyses et décisions en matière de développement urbanistique et, à mon sens, le Service d’urbanisme, le Comité consultatif d’urbanisme et le Conseil municipal ont une responsabilité et un rôle majeurs et incontournables à cet égard.

Ce n’est pas la première fois qu’on cherche à rapprocher les professionnels de l’architecture, de l’urbanisme, de l’aménagement, etc. de la société civile. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Et le gouvernement du Québec sera-t-il à l’écoute eu égard aux diverses lois qui affectent l’aménagement du territoire (développement durable, culture, agriculture, aménagement urbain et urbanisme…) ? Quant à la Ville de Gatineau, prendra-t-elle enfin le virage qui s’impose… avant qu’il ne soit trop tard ?

Richard M. Bégin, président de la Fédération Histoire Québec, est aussi membre d’Action Gatineau et ex-président du Comité consultatif d’urbanisme d’Aylmer et de Gatineau. Il est très impliqué en tant que citoyen et milite pour la protection et la mise en valeur du patrimoine. Il continue à nous offrir, sur plusieurs tribunes, un point de vue critique sur le type de développement urbanistique qui évolue à Gatineau.